Aller au contenu

Page:Anatole France - Sur la pierre blanche.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dés, le Semeur et le Moissonneur. Leurs corps exprimaient la force sans l’effort. Sur leurs visages brillait une fierté tranquille, et ils portaient haut la tête, bien différents en cela des sauvages travailleurs du flamand Constantin Meunier. Nous pénétrâmes dans une salle haute de plus de quarante mètres, où, parmi de légères poussières blanches, avec un bruit vaste et tranquille, des machines travaillaient. Sous le dôme métallique, des sacs s’offraient d’eux-mêmes au couteau qui les éventrait ; la farine qu’ils perdaient tombait dans des cuves où de larges mains d’acier la pétrissaient, et la pâte coulait dans des moules qui, dès qu’ils étaient pleins, couraient s’enfourner sans aide dans un four vaste et profond comme un tunnel. Cinq ou six hommes au plus, immobiles dans ce mouvement, surveillaient le travail des choses.

— C’est une vieille boulangerie, me dit mon compagnon. Elle produit à peine quatrevingt