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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/238

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subsister. Et en effet, le lendemain, vers l’heure de none, des femmes vinrent avec leurs enfants, portant des pains, des dattes et de l’eau fraîche, que les jeunes garçons montèrent jusqu’au faîte de la colonne.

Le chapiteau n’était pas assez large pour que le moine pût s’y étendre tout de son long, en sorte qu’il dormait les jambes croisées et la tête contre la poitrine, et le sommeil était pour lui une fatigue plus cruelle que la veille. À l’aurore, les éperviers l’effleuraient de leurs ailes, et il se réveillait plein d’angoisse et d’épouvante.

Il se trouva que le charpentier, qui avait fait l’échelle, craignait Dieu. Ému à la pensée que le saint était exposé au soleil et à la pluie, et redoutant qu’il ne vînt à choir pendant son sommeil, cet homme pieux établit sur la colonne un toit et une balustrade.

Cependant le renom d’une si merveilleuse existence se répandait de village en village et les laboureurs de la vallée venaient, le dimanche, avec leurs femmes et leurs enfants contempler le stylite. Les disciples de Paphnuce ayant appris avec admiration le lieu de