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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/244

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stériles, espéraient obtenir des enfants par l’intercession du saint homme et la vertu de la stèle. Elles frottaient contre la pierre leurs ventres inféconds. Puis ce furent, à perte de vue, des chariots, des litières, des brancards qui s’arrêtaient, se pressaient, se poussaient sous l’homme de Dieu. Il en sortait des malades effrayants à voir. Des mères présentaient à Paphnuce leurs jeunes garçons dont les membres étaient retournés, les yeux révulsés, la bouche écumeuse et la voix rauque. Il imposait sur eux les mains. Des aveugles s’approchaient, les bras allongés, et levaient vers lui, au hasard, leur face percée de deux trous sanglants. Des paralytiques lui montraient l’immobilité pesante, la maigreur mortelle et le raccourcissement hideux de leurs membres ; des boiteux lui présentaient leur pied-bot ; des cancéreuses prenant leur poitrine à deux mains, découvraient devant lui leur sein dévoré par l’invisible vautour. Des femmes hydropiques se faisaient déposer à terre, et il semblait qu’on déchargeât des outres. Il les bénissait. Des Nubiens, atteints de la lèpre éléphantine, avançaient d’un pas lourd et le