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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/260

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ailes dépenaillées d’un grand oiseau malade, il allait s’élancer, quand tout à coup un ricanement hideux résonna à son oreille. Épouvanté, il demanda :

— Qui donc rit ainsi ?

— Ah ! ah ! glapit la voix, nous ne sommes encore qu’au début de notre amitié ; tu feras un jour plus intime connaissance avec moi. Très cher, c’est moi qui t’ai fait monter ici et je dois te témoigner toute ma satisfaction de la docilité avec laquelle tu accomplis mes désirs. Paphnuce, je suis content de toi !

Paphnuce murmura d’une voix étranglée par la peur :

— Arrière, arrière ! Je te reconnais : tu es celui qui porta Jésus sur le pinacle du temple et lui montra tous les royaumes de ce monde.

Il retomba consterné sur la pierre.

— Comment ne l’ai-je pas reconnu plus tôt ? songeait-il. Plus misérable que ces aveugles, ces sourds, ces paralytiques qui espèrent en moi, j’ai perdu le sens des choses surnaturelles, et plus dépravé que les maniaques qui mangent de la terre et s’approchent des cadavres, je ne distingue plus les clameurs de l’enfer des voix