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Page:Anatole France - Thaïs.djvu/278

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en rêve emporté par des diables ; la foule voulait le lapider et c’est merveille qu’il ait pu échapper à la mort. Je suis Zozime, abbé de ces solitaires que tu vois prosternés à tes pieds. Comme eux, je m’agenouille devant toi, afin que tu bénisses le père avec les enfants. Puis, tu nous conteras les merveilles que Dieu a daigné accomplir par ton entremise.

— Loin de m’avoir favorisé comme tu crois, répondit Paphnuce, le Seigneur m’a éprouvé par d’effroyables tentations. Je n’ai point été ravi par les anges. Mais une muraille d’ombre s’est élevée à mes yeux et elle a marché devant moi. J’ai vécu dans un songe. Hors de Dieu tout est rêve. Quand je fis le voyage d’Alexandrie, j’entendis en peu d’heures beaucoup de discours, et je connus que l’armée de l’erreur était innombrable. Elle me poursuit et je suis environné d’épées.

Zozime répondit :

— Vénérable père, il faut considérer que les saints et spécialement les saints solitaires subissent de terribles épreuves. Si tu n’as pas été porté au ciel dans les bras des séraphins, il est certain que le Seigneur a accordé cette grâce à