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Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 1, Hachette, 1890.djvu/473

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d’Alexandre II, sous le ministère de M. Greig, puis de M. Abaza, il avait été question de supprimer la capitation, encore imposée au moujik, pour répartir sur toutes les classes les soixante millions de roubles, fournis par cet impôt personnel. Un des premiers actes d’Alexandre III, reprenant les intentions de son père, a été de rendre un oukaze abolissant cet impôt séculaire, dernier corollaire du servage[1].

Quant à la réduction des redevances de rachat, le gouvernement d’Alexandre III s’est arrêté à un compromis entre deux systèmes différents. On avait d’abord songé à employer toutes les ressources, dont pouvait disposer l’État, à dégrever les contrées les plus pauvres et les communes rurales les plus obérées. Les difficultés de cette sorte de péréquation, le désir de faire participer toute la population rurale aux bienfaits du nouveau règne, ont fait abandonner ce projet. Conformément à l’avis d’une « Commission d’experts » réunie à cette occasion, Alexandre III a décidé d’accorder une réduction générale à tous les anciens serfs de la Grande et de la Petite Russie. L’oukaze impérial, concédant aux paysans émancipés cette sorte de don de joyeux avènement, a en même temps promis aux villages les plus surchargés une réduction ultérieure supplémentaire. Cette double opération a valu au moujik uq dégrèvement annuel de douze millions de roubles[2]. La réduction a été en moyenne d’un rouble pour chaque âme de revision, c’est-à-dire pour chaque tête de paysan mâle assujettie à la capitation[3].

  1. La capitation, abolie définitivement en 1886, a été remplacée par un impôt foncier, un impôt sur le revenu mobilier et un impôt sur les successions. On avait, dès 1880, supprimé l’accise du sel qui, bien que classée parmi les impôts indirects, était en réalité une sorte de capitation pesant particulièrement sur le peuple.
  2. Sur cette somme, 3 millions seulement ont été à la charge directe du Trésor ; 2 millions ont été couverts par les excédents de la caisse de rachat, 9 millions par les bénéfices de la Banque d’État et la liquidation des anciennes institutions de crédit.
  3. Cette réduction générale coûte environ sept ou huit millions de roubles