Aller au contenu

Page:Ancey - Eustache - Joseph Autran, Calmann-Lévy.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« descendait ». Attenant à la ferme, une remise énorme s’allonge au bord de la route. Aujourd’hui elle sert de dépôt pour les fourrages, les charrettes, les instruments aratoires. Des poules y vont picorant, au hasard, dans une demi-obscurité silencieuse. Jadis, c’est là que s’entassaient les chevaux de relais, les chaises de poste, les bogheis, les cabriolets, les diligences. La ferme d’aujourd’hui servait alors d’auberge, auberge très achalandée où l’on devait, j’imagine, mener un train de tous les diables. Parfois, je me représente ce que pouvait être, par quelque midi d’été, ce coin maintenant si paisible : arrivées et départs des voitures grises de poussière, chargées jusqu’à la bâche ; cris des voyageurs, caquetages des voyageuses, jurons des postillons, appels des valets, ébrouement des chevaux, tintement des grelots, claquement des fouets, refrains d’après boire, — tartarinades, « galéjades », ruades, galopades et pétarades, tout cela sous un soleil éclaboussant, au bord de la route blanche, blanche à brûler les yeux… Aujourd’hui, l’auberge est deve-