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Page:Ancey - Eustache - Joseph Autran, Calmann-Lévy.djvu/23

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nuit tombante, dans cette demeure muette, close depuis quelques mois, une mélancolie vous pénètre, inévitable. Le passé vous enveloppe, vous étreint, vous ramène en arrière, et voici que surgissent, devant vos yeux, les formes de ceux qu’on a connus en cette place. On se demande alors, pendant ces heures grises, si la tradition de la maison de famille, avec ses souvenirs chéris et pieusement entretenus, n’est pas une tradition vaine. On se demande si, exagéré et avivé par toutes ces choses, le culte du passé ne tient pas une trop grande place dans certaines âmes et n’est pas pour elles une source inutilement douloureuse de regrets sans cesse renouvelés. On se demande si la vérité n’est pas du côté des indépendants, des nomades, des globe-trotters traversant l’existence sans prendre racine nulle part, naissant, vivant et mourant à l’hôtel, et ne conservant pour les disparus qu’un culte immatériel et ambulant qui ne s’attache à rien de précis comme, par exemple, une maison, une chambre, un meuble, un détour d’allée, un bout de prairie. Oui, on se