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Page:Andersen - Contes pour les enfants, trad. Caralp, 1848.djvu/40

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LES CYGNES SAUVAGES.

la mort pour elle. Aussi, s’adressant à Dieu, elle le priait du plus profond de son cœur ; mais elle n’apercevait toujours pas le rocher de refuge. Le gros nuage noir, tout chargé de tonnerre et d’éclairs, s’approchait à chaque instant davantage ; et de bruyantes rafales de vent annonçaient la venue prochaine d’une tempête. Les nuages s’amoncelaient de plus en plus pour former une masse immense et onduleuse. Ils semblaient avoir la pesanteur du plomb, et on eût dit une horrible chaîne noire à l’aide de laquelle on aurait cherché à assujettir deux prisonniers qui se seraient échappés quelques instants auparavant, le vent et l'eau. Les éclairs scintillaient de toutes parts et se succédaient sans interruption. À ce moment le soleil atteignit l’extrême limite de l’horizon.

Le cœur d’Elfride palpitait d’épouvante : tout à coup les cygnes descendirent avec une rapidité telle qu’elle crut que c’en était fait d’elle et d’eux ; cependant ils relevèrent encore une fois leur vol. Déjà le soleil était à moitié plongé dans la mer, quand avec un surcroît d’effroi elle aperçut, à une distance énorme