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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/120

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3o. Œil égaré.

Rien ne contribue plus à rendre aux enfans, l’œil égaré, que de leur faire regarder à la fois, une grande foule d’objets en mouvement ; tels, par exemple, qu’une multitude d’hommes qui se suivent les uns les autres, ou un nombre considérable de gens qui dansent & qui sautent, comme il arrive souvent à la campagne, dans certaines réjoüissances, où les nourrices portent leurs enfans. Cette multiplicité d’objets sur aucun desquels ils n’ont pas le temps de reposer la vûë, la leur égare souvent, pour peu qu’ils y ayent de disposition, & fait qu’ils ne peuvent plus rien regarder que d’une manière égarée. Ce défaut croît ensuite avec l’âge, & c’est ce qui est cause qu’on voit tous les jours tant de gens qui vous parlant, & semblant avoir les yeux sur vous, ne vous regardent néanmoins pas. Ils ont la vûë ailleurs, & vous ne sçauriez dire où ils l’ont ; ce qui est une difformité d’autant plus facheuse, qu’une personne qui n’a pas la vûë arrêtée, passe pour l’ordinaire, quoique souvent à tort, pour n’avoir pas, non plus, l’esprit arrêté.