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Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/59

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expressions du dernier troubadour, furent mis sur le même pied que les compositions lyriques. Pendant la période classique, la poésie lyrique fut seule en honneur.

Où les troubadours apprenaient-ils leur art ? N’est il pas naturel que, dans un milieu qui a poussé si loin le culte de la forme, il ait existé des écoles de poésie ? Des écoles où l’on apprenait la technique d’un métier qui dès les débuts était difficile ? La question est d’autant plus intéressante qu’il est souvent fait mention d’écoles, soit dans les biographies des troubadours, soit dans leurs poésies. Ainsi l’auteur de la vie de Giraut de Bornelh nous apprend que l’hiver il passait son temps « à l’école ». Il s’agit sans doute ici d’écoles où l’on enseignait les sept arts qui composaient l’ensemble des connaissances d’alors. D’école de poésie il n’y en eut pas. Ou s’il y en eut, ce fut peut-être celle que Jaufre Rudel nous fait connaître par le début d’une de ses chansons : maîtres et maîtresses de chant c’étaient les oiseaux et les fleurs, en un mot la Nature.

Maîtres, maîtresses de chansons
Assez autour de moi foisonnent :
Mille oiselets sur les buissons
Célèbrent les fleurs qui couronnent
Nos gazons déjà renaissants[1].

Cependant il arrivait que les poètes formaient des disciples, au vrai sens du mot. Ébles II, vicomte de Ventadour, fut ainsi le maître de Bernard, qui le paya si mal de sa peine. Marcabrun, était disciple de

  1. Traduction de l’abbé Papon, Parnasse occitanien, p. 21.