Aller au contenu

Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien nette entre ces deux classes, le troubadour se serait contenté d’inventer la mélodie, laissant au jongleur le soin de la chanter en s’accompagnant de la viole, de la cithare et autres instruments. Mais c’est par là précisément que la classe des jongleurs se confondait avec celle des troubadours. N’était-ce pas une tentation toute naturelle pour le poète musicien de chanter lui-même sa composition ? Comme aux époques lointaines de la Grèce primitive musique et poésie allaient de pair : les deux arts se confondaient chez les troubadours comme jadis chez les aèdes.

L’étude des différents genres lyriques nous montrera mieux encore l’union de ces deux arts. Les genres que nous allons énumérer sont tous faits pour être chantés. Les troubadours (ils nous en font assez souvent la confidence) ont mis autant de soin à inventer le « son », c’est-à-dire la mélodie, qu’à trouver le fond et à orner la forme.

On divise quelquefois ces genres en deux groupes : ceux qui ont gardé quelque trace de leur origine populaire et ceux qui s’en sont éloignés[1]. C’est une division qui est à peu près juste, mais elle a le tort de laisser croire que certains genres sont d’origine plus relevée que les autres. Si nous distinguons plus simplement les genres d’après l’importance qu’ils occupent dans la poésie des troubadours, on voit que la première place appartient à la chanson, puis au sirventés, enfin à la tenson : viennent ensuite les genres que nous pourrions

  1. Ludwig Rœmer, Die volksthümlichen Dichtungsarten, Marbourg, 1884.