Aller au contenu

Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il nous fit entourer par quelques-uns de ses gardes, tandis que les autres attaquèrent et mirent en fuite la bande qui nous conduisait. Le chef voulut opposer quelque résistance, mais il fut pris et renvoyé honteusement après qu’on lui eut coupé la barbe en signe de mépris.

Nous changeâmes de maître sans changer de malheur.

Vous êtes à moi, nous dit Hamet, chef de cette nouvelle troupe et prince des Maures pêcheurs ; il ordonna aussitôt à quatre de ses gens de nous conduire à son camp. Son ordre fut exécuté.

Le soir, après une marche fatigante, nous atteignîmes quelques cabanes où nous ne trouvâmes que des femmes et des enfants : c’était le terme de notre voyage ; nous y séjournâmes deux jours pour attendre le prince Maure ; durant ce temps nous eûmes pour toute nourriture de l’eau saumâtre, et des crabes que nous attrapions sur le bord de la mer, et que nous mangions toutes vivantes.

Ce fut-là que nous éprouvâmes pour la première fois les douleurs les plus aiguës ; de petites vessies, produites par l’ardeur du soleil nous couvraient tout le corps, elles crevaient lorsque nous nous couchions à terre, et se remplissaient de sable fin : pour nettoyer ces plaies qui dégénéraient bientôt en ulcères, nous fûmes obligés