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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/64

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de recourir à l’eau de mer : on ne peut se faire une idée des souffrances que nous endurions dans l’emploi d’un remède aussi cruel.

Hamet étant arrivé, nous reprîmes notre marche ; après quelques heures de route, nous arrivâmes à son camp ; il nous fit distribuer par un de ses esclaves noirs, dix gros poissons, et pour chacun de nous deux verres d’eau ; il me fit ensuite appeler.

Il était dans sa tente couché au milieu de ses femmes et fumant gravement du tabac dans une longue pipe. Français, me dit-il, que me promets-tu si je vous conduis au Sénégal ; je lui promis tout.

Ébloui par mes offres un peu exagérées ; il donna l’ordre de partir à l’instant même ; cette résolution nous arracha aux travaux les plus durs et les plus humiliants. Les femmes surtout mettaient du raffinement dans leur cruauté.

Il nous fallait décharger les chameaux, arracher des racines pour faire du feu, etc., etc. Une de ces femmes (je me le rappellerai longtemps), lorsque je venais de laver mon corps avec de l’eau de mer, jeta une poignée de sable sur mes plaies encore humides ; je doute que l’on put trouver un autre exemple d’une pareille barbarie.

Le quatrième jour de notre captivité, aux premiers rayons du