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Page:Anglas de Praviel - Scènes d’un naufrage ou La Méduse.djvu/83

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tandis qu’il leur eût été si facile de venir en assez grand nombre pour nous accabler. On agit ainsi et l’on s’en trouva bien.

» Nous partons avec nos Maures qui étaient des gens bien taillés et superbes dans leur genre.

» Un noir, leur esclave, était un des plus beaux hommes que j’aie vus. Son corps, d’un beau noir, était vêtu d’un bel habit bleu, dont on lui avait fait cadeau. Ce costume lui allait à merveille.

» Sa démarche était fière et son air inspirait la confiance. La défiance de quelques-uns d’entre nous, qui avaient leurs armes nues, et la crainte marquée sur le visage d’un certain nombre, le faisaient rire.

» Il se mettait au milieu d’eux, et, plaçant la pointe des armes sur sa poitrine, il ouvrait les bras pour leur faire comprendre qu’il n’avait pas peur, et qu’ils ne devaient pas non plus le craindre.

» Après avoir marché quelque temps, la nuit étant venue, nos guides nous conduisirent un peu dans les terres, derrière les dunes, ou étaient quelques tentes habitées par un assez grand nombre de Maures.

» Beaucoup de gens de notre caravane s’écrient qu’on les conduit à la mort. Mais nous ne les écoutons pas, persuadés que, de