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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/105

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MADAME FIPPART.

On le laissera fuir avec moi… si tu consens à…

ROCAMBOLE.

Fuir avec vous ?… Nous sommes dans une tombe, vous dis-je, et on ne sort pas d’une tombe… Tenez, voyez cette pierre que nulle force humaine ne peut soulever, cette pierre nous sépare à présent du monde !

MADAME FIPPART.

C’est impossible !… cet homme qui était ton complice, cet homme ne peut vouloir ta mort !

ROCAMBOLE.

Cet homme est plus impitoyable que le bourreau !

MADAME FIPPART.

Joseph… il faut appeler… On entendra nos cris… on viendra…

ROCAMBOLE.

Non !… personne ne nous entendra… personne ne viendra… Cet homme m’a condamné à une mort lente… horrible !…

MADAME FIPPART.

Alors, je remercie Dieu qui m’a inspiré la pensée de prendre la place de Baccarat… Si tu meurs, qu’ai-je besoin de vivre ?

ROCAMBOLE.

Oh ! mourir… vous… vous qui n’êtes pas coupable ?… Non, Dieu ne peut vouloir cela… Ma mère… ma sainte mère, Dieu ne peut pas t’avoir condamnée à cette affreuse agonie… Non… il me donnera de la force… je lutterai… je l’arracherai de la tombe… Je suis un misérable, un infâme… mais je t’aime, mère, je t’aime !… je te sauverai, je déchirerai mes mains à ces murailles, mais j’arracherai une à une ces pierres… (Il essaye.) Oh ! je ne peux pas, je ne peux pas !… Perdus ! nous sommes bien perdus !

MADAME FIPPART.

Prions Dieu, alors.. puisque lui seul peut nous venir en aide…

ROCAMBOLE.

Oui, oui, je prierai avec toi, mère… Tu m’avais appris à prier.. (Tombant à genoux.) Mon Dieu… mon Dieu… Oh ! je ne puis plus… je ne suis plus prier !…