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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/25

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TULIPE.

Comme on se retrouve tout de même ! Tu es donc mariée ? tu as donc épousé un sénateur ?

BACCARAT.

Non, je ne suis pas mariée. Parlons de vous, mes amies ; qu’êtes-vous devenues depuis que nous nous sommes perdues de vue ?

TULIPE.

Moi, j’ai fait un héritage, je suis propriétaire. Tu es dans mon immeuble ! La maison, la terre, les arbres, les fleurs, tout est a moi, et je viens d’arroser mes propres haricots.

BACCARAT, à Cerise.

Et toi, Cerise ?

CERISE.

Oh ! moi, je suis riche : j’ai mille francs de dot, et je me marie avec un brave garçon que j’aime de tout mon cœur.

BACCARAT, avec un soupir.

Allons ! je vois que vous avez eu du bonheur toutes les deux : tant mieux.

TULIPE.

Eh bien, et toi donc ! si, comme on le dit, la vie est une loterie, tu as gagné le gros lot.

BACCARAT.

Oui ! j’ai une voiture, un hôtel, des cachemires… des diamants… au bois, mon attelage est le plus beau, ma livrée la plus élégante… enfin, je suis riche… très-riche…

CERISE.

C’est drôle ! tu n’as pas pu hériter de la famille, car la famille ne se composait que d’un vieil oncle qui était rétameur !

BACCARAT.

Non ! je n’ai pas hérité.

TULIPE.

Alors, comment as-tu gagné tout cela ?

BACCARAT.

On m’a tout donné.

TULIPE, à Cerise.

Donné ?

BACCARAT.

Ça m’a coûté cher !… Quand vous sortez, vous autres, avec vos petites robes et vos petits bonnets, personne n’a le droit de vous montrer au doigt. On dit de toi, Cerise : « C’est made-