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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/38

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CERISE.

Il est revenu, monsieur Jean ; nous ne pouvons plus nous marier cette année…

JEAN.

À cause de… ?

CERISE.

Je n’ai plus de dot.

JEAN.

Plus de dot, ça m’est bien égal ! je vous prends sans dot !

CERISE.

C’est impossible, monsieur Jean !

JEAN, se laissant tomber sur une chaise.

Ah ! autre pot de fleurs ! cette fois-ci, c’est plus fort que moi, ça me suffoque… moi qui étais si content tout à l’heure ! qui ai tant couru pour être revenu plus vite ! (Tirant son mouchoir et laissant tomber deux lettres de sa poche.) J’étais Jean qui rit ce matin, et me voilà Jean qui pleure à présent.

ALPHONSE.

Allons, Jean… console-toi, mon garçon.. et tu n’auras pas perdu pour attendre un an, peut-être… Tu auras pour femme un vrai petit trésor… Allons, rentre ton mouchoir et ramasse les deux lettres que tu viens de laisser tomber !

JEAN.

Ces deux lettres… ah ! oui… c’est le facteur qui vient de me les donner… Il y en a une pour M. Armand… ça vient des Indes… et l’autre qui arrive d’à peu près aussi loin… pour madame Fippart.

MADAME FIPPART.

Pour moi ?

JEAN.

Tenez, monsieur Alphonse, portez celle-là à votre camarade ; c’est peut-être un héritage qui lui tombe de là-bas. C’est comme ça dans la vie, du chagrin pour les uns, du bonheur pour les autres. (Alphonse prend la lettre et entre chez Armand.)

JEAN.

Dites donc, madame Fippart, à moins que vous ne fassiez le commerce des cigares… je ne vois guère qui est-ce qui peut vous écrire de la Havane !

MADAME FIPPART.

La Havane ?

JEAN.

Ça en vient directement… voyez plutôt sur le timbre jaune.