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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/81

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CARMEN.

Du meurtre ?

MADAME CHARMET.

Oui, mademoiselle ; Armand a été assassiné sous mes yeux, il y a deux mois, dans l’île de Croissy ; Armand est mort.

CARMEN.

Mort ! et moi qui l’accusais. Oh ! je savais bien qu’il ne pouvait pas m’avoir oubliée… Pauvre Armand ! et mon cœur n’a rien deviné, et rien ne m a dit : « Pleure et prie malheureuse ! il est mort. » (Sanglotant.) Mort ! oh !… mon Dieu… mon Dieu…

MADAME CHARMET.

Ces larmes ! ce désespoir ! Ah ! c’est vous qu’il aimait, mademoiselle !

CARMEN.

Oh ! je l’aimais bien aussi, madame ; pourquoi le cacherais-je, a présent ? Mon amour n’offense plus personne.

MADAME CHARMET, à part.

C’est pour elle qu’il m’abandonnait… c’est pour elle qu’a été sa dernière pensée.

CARMEN.

Vous pleurez aussi, madame ?

MADAME CHARMET.

Ce n’est pas seulement des larmes que nous devons l’une et l’autre à celui qui n’est plus. Si vous l’aimiez véritablement, mademoiselle, vous m’aiderez à le venger, vous m’aiderez à retrouver et à faire punir l’assassin.

CARMEN.

Oui ! oui ! Moi, je ne peux rien ; mais mon père et M. de Chamery peuvent beaucoup. (Elle sonne ; un valet entre.) Priez M. de Chamery de venir me trouver ici…

MADAME CHARMET.

Qu’est-ce que M. de Chamery ?

CARMEN.

C’est mon fiancé, madame.

MADAME CHARMET.

Votre… ? Vous aimiez Armand, et vous allez être à un autre ?

CARMEN.

Si j’avais été maitresse de ma main, ne pouvant être à Armand, je n’aurais été qu’à Dieu ; mais mon père avait contracté une dette qu’il me faut payer au prix de mon bonheur…

MADAME CHARMET.

Permettez-moi d’écrire quelques lignes, mademoiselle.