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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/84

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ROCAMBOLE.

Remettez-vous, madame, et asseyez-vous, je vous prie. En toute chose, je vous le répète, je vous suis dévoué ; dites-moi… quels indices vous avez, sur quelles traces je puis me mettre ; et, d’abord, quelle figure avait l’assassin ? Était-il jeune ou vieux ?

MADAME CHARMET.

Jeune…

ROCAMBOLE.

Brun ou blond ?

MADAME CHARMET.

Brun…

ROCAMBOLE.

Mais comment n’avez-vous pas appelé, madame ? Peut-être serait-on venu à votre aide. Je comprends… vous avez craint qu’on ne vous fit partager le sort de M. Armand…

MADAME CHARMET.

Je n’aurais pas hésité à donner ma vie pour sauver la sienne… Mais, quand j’ai vu la lame d’un couteau disparaître dans sa poitrine… je jetai un cri… puis je tombai, comme si le même coup m’avait frappée…

ROCAMBOLE.

Alors, vous n’avez pu qu’entrevoir les traits de l’assassin… et peut-être à une grande distance…

MADAME CHARMET.

Je l’ai vu comme je vous vois, monsieur.

ROCAMBOLE.

Vraiment ?… C’est fort heureux, cela.

MADAME CHARMET.

J’étais tombée évanouie derrière des buissons, au milieu des hautes herbes.. Le froid de la nuit me ranima, et, en rouvrant les yeux, je vis briller au-dessus de moi la lame d’un couteau ensanglanté… que tenait l’assassin ; ayant entendu mon cri, cet homme me cherchait pour me tuer. « Si je meurs ici, pensais-je alors, qui vengera Armand ? » Je restai immobile et muette : le meurtrier passa si près de moi, que son pied foula ma robe, mais il passa sans me voir.

ROCAMBOLE, à part.

Maladroit !…

MADAME CHARMET.

Quand il se fut perdu dans le taillis, quand le bruit de ses pas s’éteignit tout à fait… je me relevai, et, des plis de ma robe, s’échappa un objet que le meurtrier y avait laissé tomber.