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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/22

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Préface.

une autre dont il sera question ci-après. Il ne paraît guère vraisemblable qu’une troisième version plus ancienne et par conséquent délaissée eût eu chance de parvenir à l’imitateur étranger et d’être par lui choisie pour modèle.

Nous persistons donc dans notre sentiment qu’il n’y a pas eu de version de Huon de Bordeaux antérieure à celle que nous reproduisons, et que, telle qu’elle est, cette version ne remonte pas au delà de la fin du XIIe siècle. Il n’est pas possible, d’un autre côté, de la croire beaucoup moins ancienne, et pour deux raisons. D’abord le manuscrit que nous avons suivi de préférence ne paraît pas postérieur à 1250, et ce manuscrit n’est point l’original, puisqu’on y a omis un certain nombre de vers indispensables au sens, qui se retrouvent dans des copies beaucoup moins anciennes. En second lieu, la chronique d’Albéric de Trois-Fontaines fait allusion en ces termes au poëme de Huon de Bordeaux :

« Mortuus est etiam hoc anno (810) Sewinus dux Burdegalensis, cui fratres fuerunt Alelmus et Ancherus, hujus Sewini filii Gerardus et Hugo, qui Karolum, filium Karoli, casu interfecit, Almaricum proditorem in duello vicit, exul de patria ad mandatum regis fugit, Alberonem, virum mirabilem et fortunatum reperit, et cœtera sive fabulosa, sive historica connexa. »

La chronique d’Albéric, on le sait, s’arrête à l’an 1241, et si la critique n’a pas réussi encore à éclairer d’un jour complet l’histoire de ce monument singulier auquel s’appliquent si bien les derniers mots que nous venons d’y relever,