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Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/99

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Sommaire.

ta folie te soumettra aux plus rudes épreuves. » Huon, effrayé, prie Oberon de le conseiller et promet de lui obéir. « Eh bien, dit Oberon, je te défends sur ta tête d’aller à Dunostre. C’est un château fort, près de la mer, que Jules César, mon père, a fait construire. Ce château a demandé plus de quarante ans à élever et jamais on n’en vit de si beau. Il a trois cents fenêtres et vingt-cinq chambres. À l’entrée sont deux hommes de cuivre armés chacun d’un fléau en fer. Ils ne cessent de battre hiver comme été, et de telle sorte, qu’une alouette légère ne saurait pénétrer dans le palais sans tomber sous leurs coups. Là réside un grand géant qu’on appelle l’Orgueilleux. Il m’a enlevé le château de Dunostre, et, de plus, un haubert merveilleux, plus blanc que la marguerite des prés, plus léger qu’un pain blanc de farine blutée, un haubert que nulle arme ne saurait entamer, et avec lequel on ne peut ni se noyer dans l’eau ni brûler dans le feu. Par l’amitié que j’ai pour toi, ne va pas à Dunostre, car ce serait aller à ta perte. — Vaine défense, répond Huon, j’irai visiter l’Orgueilleux. Je suis venu de France pour chercher des aventures ; vous m’en trouvez une que je veux tenter. Par le Dieu que j’adore, j’irai conquérir le blanc haubert, et, s’il est tel que vous le dites, il ne laissera pas de m’être utile. Je saurai bien corner au besoin et vous viendrez à mon secours. — Non, par Dieu ! je n’en ferai rien, dit Oberon. Ne vous y fiez pas, Huon ; car vous pourriez sonner inutilement. — Comme il vous plaira, mais je ne renoncerai pas à mon entreprise. » — À ces mots, Oberon disparaît. P. 135-138.

Huon ne tarde pas à partir pour Dunostre. Arrivé en vue du château, il s’apprête à y pénétrer, malgré les conseils du vieux Jérôme. Il s’y rend seul, à pied,