Aller au contenu

Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iv
Préface.

composition qu’ils reproduisent tellement quellement, et qui, défigurée d’un côté, s’efforce de reprendre de l’autre sa physionomie et ses traits primitifs.

Voici le fond de ce roman, dont une partie, et la moins vraisemblable, a été si longtemps prise au sérieux et considérée comme historique.

Charlemagne, oubliant trop aisément les souvenirs de Roncevaux, a admis à sa cour et dans son intimité un chevalier de cette race de Mayence qu’il eût dû haïr à jamais, un parent du traître Ganelon, Macaire de Losane. Il a bientôt sujet de s’en repentir. Macaire ose regarder d’un œil de convoitise l’épouse même de son seigneur, la belle et vertueuse Blanchefleur, fille de l’empereur de Constantinople. Il tente d’abord par de doux propos de conquérir ses bonnes grâces ; la reine le repousse et l’éconduit avec indignation. Irrité, mais non découragé, Macaire a recours, pour continuer sa poursuite, à l’entremise d’un nain fort aimé du roi, de la reine surtout, et très-familier avec elle. Le nain, séduit par de belles promesses, consent à servir les desseins de Macaire. Il en est bien puni. Blanchefleur le châtie, et si rudement qu’il en garde le lit pendant huit jours. Dès lors Macaire ne songe plus qu’à se venger, et c’est encore au nain qu’il demande assistance, au nain outragé comme lui, plus que lui, et animé du même esprit de vengeance. Il lui persuade de se cacher le soir derrière la porte de la chambre du roi, et quand Charlemagne se lèvera, selon sa coutume, avant l’aube du jour, pour assister