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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/13

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v
Préface.

à matines, d’aller prendre place dans sa couche, à côté de la reine. Charlemagne l’y trouvera au retour, ne manquera pas de croire Blanchefleur coupable et la fera brûler vive. Quant au nain, quel risque peut-il courir ? Il dira pour se justifier qu’il n’a fait que se rendre à l’appel de la reine, cette fois comme bien d’autres. D’ailleurs Macaire sera là pour le défendre, s’il y avait péril.

Le nain saisit avec joie l’occasion qui s’offre à lui de venger son affront. Il suit de point en point les instructions de Macaire, et de là la scène prévue. Charlemagne, en revenant de matines, aperçoit sur un banc les vêtements et dans son lit la grosse tête du nain. Il reste muet de confusion, de douleur, de courroux, sort de sa chambre éperdu, et se rend à la grande salle du palais, où il trouve Macaire déjà levé, avec quelques autres chevaliers. Il les conduit près de sa couche, où le nain est encore à côté de la reine endormie. Interrogé par Macaire lui-même, le nain répète la leçon qu’il a apprise du traître. Cependant Blanchefleur s’éveille, et, se voyant ainsi entourée, ainsi accusée, ne trouve pas un mot pour se défendre. Charlemagne jure qu’elle sera brûlée vive.

Il le jure ; mais si grande est sa tendresse pour Blanchefleur qu’il oublierait peut-être son serment n’était la crainte du blâme, n’étaient les instances de Macaire et des siens qui le poussent à faire justice. Il s’y résigne, et déjà le bûcher est allumé, lorsque Blanchefleur en face de la mort demande un confesseur. L’abbé de Saint-Denis vient remplir cet office. Il entend la mal-