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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/16

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Préface.

Varocher avait plus de cœur que de mine, et le contraste était grand entre cette jeune et belle reine et son rustique compagnon à l’aspect sauvage, à l’accoutrement grossier, à la chevelure épaisse et emmêlée. Un gros bâton noueux dont l’honnête bûcheron s’était armé achevait d’en faire un personnage des plus étranges, à ce point que nulle part on ne pouvait le regarder sans rire et sans le croire hors de son bon sens. C’est ainsi escortée que la reine voyage jusqu’en Hongrie. Sa grossesse ne lui permet pas d’aller plus loin. Elle s’arrête dans une hôtellerie, où elle ne tarde pas à accoucher d’un fils.

Blanchefleur, qui n’a garde de se faire connaître, donne à croire que Varocher est son époux, et le jeune héritier du sceptre de Charlemagne est sur le point d’avoir pour parrain l’hôte de sa mère. Mais la Providence ne permet pas cet abaissement, et comme on porte l’enfant au moutier, le roi de Hongrie survient à propos pour reconnaître sa haute origine et pour le tenir lui-même sur les fonts. Que son filleul soit de sang royal, le roi de Hongrie n’en saurait douter, puisque le nouveau-né porte une croix blanche empreinte sur l’épaule droite. C’est là un signe infaillible, et il ne faut rien moins que la simplicité de l’hôtelier pour croire qu’un enfant marqué d’un tel sceau puisse être le fils d’un homme de rien, d’un truand, d’un sauvage comme Varocher. Mais quel est son vrai père ? Le mystère est bientôt éclairci dans une entrevue que le roi fait demander à Blanchefleur. Elle ne cache rien à son royal compère, et ce n’est pas vainement qu’elle implore son assistance. À