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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/510

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318
Macaire.


IV


Extrait du Livre de la Chasse de Gaston Phébus, comte de Foix.


Encore pour mielx affermer les noblesces des chiens, feray ore un conte d’un levrier qui fu d’Auberi de Montdidier, lequel vous trouverez en France paint en moult de lieux. Auberi si estoit serviteur du roy de France, si s’en aloit un jour de la cour vers son ostel. Ainsi qu’il s’en aloit et passoit par les boys de Bondis, qui sont emprès Paris, et menoit un très biau et bon levrier qu’il avoit, un homme qui le héoit par envie, senz autre raison, qui estoit appelé Machaire, si li courut sus dedanz le boys, et le tua senz deffier et senz qu’il s’en gardast. Et quant le levrier vit son maistre mort, si le couvri de terre et de fueilles, au mielx qu’il pot, aux ongles et au musel. Et quant ce vint au tiers jour, pour la grant fain qu’il avoit, il s’en revinst à l’ostel du roy, et là trouva Machaire, qui estoit grant gentilz homs. Et tantost que le levrier l’apperçut, si li courut sus, et l’eust afolé se on ne li eust deffendu. Le roy de France, qui saiges et appercevans estoit, demanda que ce estoit, et l’en li dist toute la verité. Le levrier prenoit tout ce qu’il povoit des tables, si le portoit à son maistre et li mettoit en sa bouche. Et ainsi fist le levrier par trois ou par quatre jours. Dont le fist suivir le roy pour véoir où il portoit ce qu’il povoit avoir de l’ostel. Si trouverent Auberi qui estoit encore là où le levrier lui portoit sa viande. Adonc le roy, comme j’ay dit que saiges estoit, fist venir pluseurs des gens de son hostel, et fist applainnier et grater et tirer le levrier par le colier aval