Aller au contenu

Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/515

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
Appendice.


VII


Recit de Claude Expilly.


Le duel qui avint du tams du Roy Charles V et an sa presance antre le Chevalier Macaire et le Levrier d’Aubry de Montdidier, êt le plus notable et digne de memoire de tous ceus qui se firent onques. Macaire avoit occis Montdidier dans le bois de Bondis, jalous de le voir plus avant an faveur que lui auprés du Roy. Il n’y avoit autre témoin de l’acte que le Levrier du defunt, lequel, ayant êté treuvé avec le cors, s’alla randre aus piez du Roy, come pour demander justice : il ne découvrit point si tôt Macaire qu’il commança à se herisser et aboyer et se lancer sur lui : come le chien d’Hesiode acusa les anfans de Ganistor Naupactien d’avoir tué son maitre ; et l’autre qui an fit de méme auprés de Pyrrus contre certains soldas de son armée, et celui ancore qui gardoit le tample d’Esculape à Atenes : de méme ce Levrier donna le premier argumant que Macaire avoit commis le meurtre. Le Roy s’an voulut tellemant éclaircir qu’il fit aporter du pain et le fit presanter au chien par Macaire, mais au lieu de pain, il voulut ampoigner et mordre la main : le méme pain remis à quelques jantis-homes là presans, le chien le print et le manja : ce fut un soupçon, un indice et une presomption violante qu’autre n’avoit fait le coup ; à quoy êtoit ajouté que le méme jour de la perte de Montdidier, on avoit veû Macaire avec luy au dehors de la ville : de sorte, que le Roy tint le fait come pour averé : et d’autant plus que le chien se tournoit tantot de son coté, se joüant de sa queuë, tantot aboyoit contre