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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/84

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Préface.

que et que je ne sais où le trouver. Je dois reconnaître, cependant, pour rendre hommage à la vérité et pour ne point m’attirer de fâcheuses affaires, qu’à prendre pour type l’Iliade ou l’Enéide, la chanson de la Reine Sibile me paraît fort loin d’en approcher ; mais, en revanche, elle m’offre plus d’intérêt (Dieu me pardonne !) que la Thébaïde de Stace. C’est de la conception seule qu’il s’agit, bien entendu ; de la forme du poëme, je n’en puis parler, à moins de juger celle que je lui ai donnée. Et si l’on me demande ce qui m’intéresse particulièrement dans cette rapsodie, voici ma réponse :

Ce n’est pas l’héroïne, cette victime innocente bien digne assurément de la noble compassion qu’excite toujours le spectacle de la vertu aux prises avec le malheur, mais par cela même se faisant un peu tort en ce qu’elle tombe dans le lieu commun, en ce qu’elle est un type de tous les temps, de tous les pays, de toutes les littératures.

Ce n’est pas davantage Charlemagne, qui prête plus à rire qu’à pleurer, et qui rappelle trop Sganarelle.

Ce n’est pas non plus le fameux duel du lévrier contre le meurtrier de son maître, encore que l’invention soit singulière et ait fait un assez beau chemin dans le monde. À mon gré, on ne pouvait mieux s’y prendre pour rendre le duel ridicule que d’imaginer celui-là, en sorte qu’on peut se demander si l’auteur a voulu démontrer l’excellence de cette procédure ou la tourner en dérision.

Ce n’est pas enfin le traître, quoiqu’il me soit