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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/86

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Préface.

lain, de la plus humble et de la plus pauvre condition, un homme de rien, un truand, un sauvage, comme il est qualifié en propres termes par l’un des chevaliers de la suite du roi de Hongrie.

Il ne manque pas, sans doute, dans nos chansons de geste, de personnages qui partent de très-bas pour arriver très-haut ; mais ils ne s’élèvent pas comme Varocher ; ils se relèvent, et, dès lors, toute analogie entre eux et lui disparaît et s’efface, à ce point de laisser apercevoir, si l’on veut, une différence totale, une entière opposition.

Le fameux Rainouart au tinel, par exemple, ce Rainouart que Dante a mis en Paradis, où le trouvons-nous avant ses exploits ? Dans une cuisine, au-dessous des marmitons dont il est le jouet et le plastron. Mais, à la fin, il se découvre qu’il est fils de roi. Quelle conclusion tirer de là, sinon la confirmation du proverbe : bon sang ne peut mentir ?

Robastre, l’homme à la cognée, dans le poëme de Gaufrey, débute par être charretier et finit par devenir roi de Hongrie. Mais il a pour père un lutin, le lutin Malabron, doué d’un pouvoir féerique qui le place entre les rois et Dieu. Une telle naissance oblige plus encore que noblesse.

Le laboureur Gautier, dans Gaydon, est aussi rustre qu’on le puisse désirer de manières et de langage, et ne laisse pas pour cela de sentir et d’agir assez noblement. C’est que d’origine il est noble, en effet. Gautier est un petit gentil-