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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/87

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Préface.

homme déchu et qui a pris de mauvaises habitudes dans la vie rustique. Il n’est pas né très-haut, il est vrai, mais enfin il est né.

La création de semblables personnages a donc tout au moins une signification ambiguë, et si l’on n’y veut pas voir un artifice pour faire mieux ressortir les avantages de la naissance, il y faut reconnaître une précaution jugée nécessaire par les écrivains du temps pour pouvoir attribuer un beau rôle à des acteurs populaires ou présentés comme tels. Ici on n’a pas à choisir entre ces deux suppositions. La naissance de Varocher les supprime, puisqu’il est vilain de père et de mère. C’est un type complet, c’est un caractère dont l’idée et même l’exécution font honneur à notre poëte, qui l’a tracé à grands traits, mais d’une main heureuse, sinon exercée. Il est à noter que cette figure toute française a disparu dans les imitations allemande et anglaise dont nous venons de parler.

Comme Varocher met son cœur et son bras au service d’une reine et d’un empereur, il ne pouvait trop déplaire aux grands, et, d’un autre côté, son origine lui assurait une nombreuse clientèle dans les rangs inférieurs. Il y a donc lieu de croire qu’il dut beaucoup contribuer au succès de l’ouvrage où il tient une place si honorable.

À part l’invention de ce personnage, qui me paraît original, c’est une question difficile à résoudre que celle de savoir ce qui appartient en propre à notre poëte, ce qu’il a pu emprun-