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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/91

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Préface.

de Dietrich et de Gunild, mais le fond de l’histoire se modifia sensiblement sous l’influence de la légende de Cunégonde. »

Tel est le résumé des recherches de M. Svend Grundtvig. Il y manque, pour le rendre clair, le détail de ces recherches mêmes ; mais on peut le trouver dans l’ouvrage du savant danois. Ce qui y manque encore plus, pour le rendre sûr et concluant, ce sont des dates. Réussira-t-on jamais à combler cette lacune ? J’en doute fort. Quant à présent, il est impossible de marquer la place qu’occupe historiquement notre poëme dans cette série de récits de la même famille, mais d’une famille si mêlée qu’on n’y peut reconnaître ni les degrés de parenté ni les affinités. Notons seulement, d’après M. Grundtvig, que si la légende objet de ses recherches n’est pas d’origine française, elle a été du moins marquée en France d’un cachet particulier dont on retrouve l’empreinte en Allemagne.

L’épisode du chien doit-il être mis au nombre des embellissements que le fond de l’histoire aurait reçus chez nous, et peut-on en faire honneur à notre poëte ? Bullet ne l’a pas cru ; il prétend que le chien d’Aubri descend en droite ligne du chien de Pyrrhus. « Je crois, dit-il, avoir trouvé dans Plutarque l’histoire véritable ou fausse qui a donné lieu à la fable du chien de Montargis. Je la rapporte suivant la traduction d’Amyot. Les grâces naïves et touchantes de son ancien langage valent bien les expressions froides et compassées du nôtre[1] :

  1. Traité : Quels animaux sont les plus advisez, ceulx de la terre ou ceulx des eaux.