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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/92

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lxxxiv
Préface.

« Pyrrhus, allant par pays, rencontra un chien qui gardoit le corps de son maistre que l’on avoit tué, et, entendant des habitans qu’il y avoit déjà trois jours qu’il estoit auprès sans en bouger et sans boire ny manger, commanda que l’on enterrast le mort et qu’on amenast chien quand et luy, et qu’on le traitast bien. Quelques jours après, on vint à faire la monstre et reveue des gens de guerre, passans par devant le roy, qui estoit assis en sa chaire, et avoit le chien auprès de luy, lequel ne bougea aucunement, jusques à ce qu’il apperceut les meurtriers qui avoient tué son maistre, ausquels il courut sus incontinent avec grands abbays et grande aspreté de courroux, en se retournant souvent devers Pyrrhus ; de maniere que non seulement le roy, mais aussi tous les assistans, entrerent en suspicion grande que ce devoient estre ceulx qui avoient tué son maistre : si furent arrestez prisonniers, et leur procez fait là-dessus, joinct quelques autres indices et presomptions que l’ont eut d’ailleurs à l’encontre d’eux ; tellement qu’à la fin ils advouerent le meurtre et en furent punis. »

« Un chien attaque les meurtriers de son maître en présence de Pyrrhus : sur cet indice et sur d’autres présomptions, ce roi les fait arrêter. On leur fait leur procès ; ils sont forcés d’avouer leur crime ; ils en sont punis : voilà le fond de l’histoire de celui de Montargis. »

Sans doute, c’est le fond de l’histoire, et il n’est pas impossible que notre poëte ait mis à profit l’anecdote rapportée par Plutarque et répétée par Tzetzès vers le temps même où fut com-