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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/134

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LE POÈTE ASSASSINÉ

retenir les termes du blason, et l’on peut affirmer qu’elle ne s’intéressa sérieusement qu’aux armes des Pignatelli, qui ont fourni des papes à l’Église et dont l’écu est meublé de marmites.

Néanmoins, ces leçons ne furent une perte de temps ni pour Macarée ni pour François des Ygrées, car ils finirent par s’épouser. Macarée apporta en dot son argent, sa beauté et sa grossesse. François des Ygrées offrit à Macarée un grand nom et sa noble prestance.

Ils n’avaient à se plaindre du marché ni l’un ni l’autre et se trouvèrent heureux.

« Macarée, ma chère épouse, dit François des Ygrées peu de jours après son mariage, pourquoi donc avez-vous commandé tant de toilettes ? Il me semble qu’il ne se passe point de jour sans que les couturiers n’en apportent de nouvelles. Elles font, il est vrai, honneur à votre bon goût et à leur habileté. »

Macarée hésita un instant, puis répondit :

— C’est en vue de notre voyage de noces, François !

— Notre voyage de noces, j’y avais songé. Mais où comptez-vous aller ?

— À Rome, dit Macarée.

— À Rome, comme les cloches de Pâques ?