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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/148

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LE POÈTE ASSASSINÉ

Les lumières naissent sur la mer au loin.

Réponds, ô Zélotide, réponds de ta voix douce.

troisième sage-femme

J’aime ses yeux dans la nuit, il connaît bien mes cheveux et leur odeur. Dans les rues de Marseille un officier m’a longtemps suivie. Il était bien vêtu et de belles couleurs, il y avait de l’or sur ses habits et sa bouche me tentait, mais j’ai fui ses baisers en me réfugiant dans mon ou ma bed-room du ou de la family-house où j’étais descendue.

première sage-femme

Ô Zélotide, épargne les tristes hommes comme tu épargnas ce mirliflor. Zélotide, que penses-tu des canons ?

deuxième sage-femme

Hélas ! Hélas ! je voudrais être aimée.

troisième sage-femme

Ils sont les instruments de l’ignoble amour des peuples. Ô Sodome ! Sodome ! Ô le stérile amour !

première sage-femme

Mais nous sommes femmes, et que dis-tu de Sodome ?

troisième sage-femme

Le feu du ciel l’a dévorée.