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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/243

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LE POÈTE ASSASSINÉ

collant, ses souliers également blancs avaient des talons hauts. Il ne portait pas de chapeau. Lorsqu’il posa le pied sur le sol de Marseille, l’enthousiasme fut tel qu’après que les quais se furent vidés, trois cents personnes furent trouvées mortes étouffées, foulées aux pieds, écrasées. Quelques hommes saisirent le héros et le portèrent ainsi, tandis que l’on chantait, criait et que des femmes lui jetaient des fleurs jusqu’à l’hôtel où des appartements lui avaient été préparés, et à la porte s’étaient placés les directeurs, les interprètes, les pisteurs.

Le même matin, Croniamantal, venant de Brünn, était arrivé à Marseille pour y chercher Tristouse qui s’y trouvait depuis la veille au soir avec Paponat. Tous trois s’étaient mêlés à la foule qui acclamait Tograth devant l’hôtel où il devait descendre.

— Heureuse fureur, dit Tristouse. Vous n’êtes pas poète, Paponat, vous avez appris des choses qui valent infiniment mieux que la poésie. N’est-ce pas, Paponat, que vous n’êtes nullement poète ?

— En effet, ma chère, répondit Paponat, j’ai versifié pour m’amuser, mais je ne suis pas poète,