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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/339

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LA FIANCÉE POSTHUME

« C’est moi qui ai dit cela, il y a deux ans ; ma femme sourit tristement et nous eûmes la même idée. Le lendemain, nous mettions une pancarte : Chambre à louer pour monsieur seul. Et nous eûmes plusieurs jeunes gens comme locataires, des Anglais, un Danois, un Roumain. Et nous pensions :

« — Elle aurait seize ans. Qui sait ? notre pensionnaire lui plairait peut-être ? — »

« Puis vous êtes venu, monsieur, et nous avons souvent pensé :

« — Théodorine aurait dix-sept ans et sûrement si elle n’était pas encore mariée, son cœur élirait ce jeune homme doux, bien élevé et de tout point digne d’elle. »

« Vous êtes ému, monsieur, je vois cela. Vous avez bon cœur…

« Hélas ! je me trompais. Voyez-vous, monsieur, ce que vous avez voulu faire cet après-midi, c’était presque un crime. Car voilà la vérité, monsieur,