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Page:Apollinaire - Le Poète assassiné, 1916.djvu/381

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LA RENCONTRE AU CERCLE MIXTE

à souhait, élégante et couverte de bijoux. Van der Vissen l’observa. Elle jouait furieusement et gagnait tout ce qu’elle voulait.

La beauté de la femme et sa veine extraordinaire firent une vive impression sur l’esprit du Hollandais. Comme il s’était montré joueur et qu’il la fixait avec obstination, la belle joueuse lui sourit.

Van der Vissen la désira de toutes ses forces, elle, ses bijoux et le gain qu’elle emporterait. Ses instincts d’aventurier se réveillèrent. Il ressentait maintenant pour cette femme, son or et ses joyaux une passion folle qu’il fallait assouvir.

La vie d’aventures prolonge la jeunesse et Van der Vissen n’avait rien d’un vieillard. Avec une galanterie de sauvage, pleine de gaucherie, avec des phrases emphatiques, il attira la jeune femme et proposa de l’accompagner là où elle demeurait.

Elle répondait d’une voix langoureuse dont les inflexions enflammèrent davantage la passion du Hollandais.

Et mêlant les louanges aux promesses, il fit tant qu’à la fin ils partirent ensemble.

Elle habitait, rue de la Pompe, un appartement élégant où, dès qu’ils y furent entrés et que la