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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/346

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temps. Nous dire que chaque espèce de choses est douée d’une qualité occulte spécifique, par laquelle elle agit et produit des effets sensibles, c’est ne nous rien dire du tout ; mais déduire des phénomènes de la nature deux ou trois principes généraux de mouvement, et nous expliquer ensuite comment les propriétés et les actions de toutes les choses corporelles découlent de ces principes manifestes, ce serait faire un progrès considérable dans la philosophie, quoique les causes de ces principes ne fussent point encore découvertes. Sur ce fondement, je ne fais pas difficulté de proposer les principes de mouvement mentionnés ci-dessus, puisqu’ils sont d’une étendue très-générale. »

On a souvent cité, à l’occasion de la thèse que je discute ici, la publication tardive de plusieurs travaux de Newton ; il craignait, a-t-on dit, les tracasseries que la gloire scientifique amène inévitablement à sa suite, et faisait sans regrets les plus grands sacrifices à son repos intérieur. J’ai cru remarquer qu’il supportait impatiemment la critique, et que le déplaisir qu’elle lui causait était. beaucoup plus vif que cela n’eût été convenable à un homme d’un aussi grand génie.

Ceux qui liront les polémiques que Newton soutint contre Pardies, Lucas, Hooke, Huygens, Leibnitz, reconnaîtront, je pense, la vérité de mon appréciation ; ils les trouveront empreintes d’une vivacité qui donne la clef de bien des circonstances sans cela inexplicables.

Newton mourut de la pierre, le 20 mars 1727, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Son corps, après avoir été exposé dans la salle dite de Jérusalem, fut conduit à