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Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/44

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Dans cette approche du crépuscule, le ciel prenait des tons d’or vert d’une douceur exquise ; une première étoile flamboyait solitaire dans l’immensité limpide, et les têtes fleuries des marronniers avaient un parfum pénétrant.

Certes, Robert Noris était trop artiste pour ne point sentir la poésie qui se dégageait de ce renouveau fraîchement épanoui ; mais il n’en jouissait pas à la manière des simples, qui subissent leurs impressions sans les comprendre. En cet instant, comme toujours, il demeurait le dilettante blasé, soigneux de tout ce qui pouvait éveiller en lui une sensation esthétique.

Il s’était regardé vivre et il avait regardé vivre les autres, avec une clairvoyance aiguë, se plaçant, pour cette étude constante, en spectateur curieux et de goût raffiné à qui