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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/284

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septembre, Sonthonax rendit une proclamation, datée du Cap, d’après laquelle il déclara traîtres à la’patrie et criminels de lèse-nation, Deneux, O’Farel, Jaunas et Chaumette ; il ordonna à la municipalité, qui ne pouvait être mieux intentionnée, de les arrêter et de les envoyer au Port-de-Paix, en invitant les citoyens du Môle à prêter main-forte à l’exécution de cet acte, sous peine d’être déclarés eux-mêmes rebelles à la loi, ennemis de la république et traités comme tels. Il destitua en même temps le maire Bellille et les officiers municipaux de Bombarde, en ordonnant qu’ils fussent mis en arrestation. Enfin, il ordonna que la garnison du Môle serait changée, et qu’à cet effet un rassemblement de force armée serait formé au Port-de-Paix pour marcher contre le Môle, dans le cas où l’on ferait résistance à ses ordres.

Cette proclamation n’eût été qu’une imprudence inconcevable de la part de Sonthonax, qui n’avait pas les moyens de la faire exécuter, et elle eût pu excuser les habitans et la garnison du Môle, si déjà le plan de trahison en faveur des Anglais n’avait pas été arrêté entre eux.


Jérémie et le Môle étant au pouvoir des Anglais, la mort de Delpech arrivant en même temps, Polvérel prit la résolution de se rendre aux Cayes pour y organiser la liberté générale. Il partit du Port-au-Prince le 2 octobre.

Dès son arrivée, le 6, il rendit une proclamation à cet effet : elle rendait communes aux esclaves de la province du Sud les dispositions qu’il avait prises pour ceux de l’Ouest. Une même cérémonie solennisa ce bienfait que Dieu a départi à tous les hommes. Rigaud seconda le commissaire civil dans cette cérémonie, et contribua