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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/488

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Que doivent faire les commissaires nationaux civils dans une telle conjoncture ? Ils sont forcés de profiter de la division de ces deux grands partis, redoutables à leur mission, pour les abattre l’un par l’autre.

Leur premier acte, au lendemain de leur installation, est d’éloigner de la colonie l’ancien gouverneur, dénoncé par ses adversaires, d’ailleurs remplacé par un nouveau gouverneur venu avec eux.

Aussitôt le parti colonial s’agite par des mouvemens populaires, qu’il suscite évidemment contre les commissaires civils. Mais ceux-ci, armés de la loi et de leurs instructions, brisent immédiatement le pouvoir de toutes les assemblées populaires constamment factieuses : ils les remplacent par une commission temporaire unique qu’ils organisent, de manière à en faire un instrument utile dans leurs mains, pour l’administration du pays.

Les contre-révolutionnaires veulent alors profiter de cette mesure, pour reprendre la suite de leurs desseins ; ils font succéder aux agitations populaires de leurs adversaires abattus, les agitations de la force armée ; mais, en vertu de leurs pouvoirs extraordinaires, les commissaires civils brisent également leur autorité dans la personne même du nouveau gouverneur, corrompu dès son arrivée. Ils l’éloignent de la colonie ; ils le déportent avec ses principaux agens.

Un nouveau gouverneur de leur création lui succède et prête son concours à la commission civile ; mais elle exerce dès lors la dictature qu’elle trouve dans la loi de son institution. Il n’y a donc plus à ce moment, dans la colonie, d’autre autorité réelle que celle qu’exercent les commissaires civils, au nom de la nation souveraine ; car, dans l’intervalle, la Royauté, déchue dans la métro-