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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/426

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dans le Nord avec sa rapidité ordinaire. Dessalines y vint par ses ordres avec des troupes sortant des Gonaïves. Traqués de tous côtés, fusillés, baïonnettes, poignardés, les révoltés qui échappèrent aux massacres dans cette répression (que « le peuple des campagnes appela la guerre couteaux  »), rentrèrent dans l’ordre, c’est-à-dire sous le joug de l’esclavage de fait qui leur était imposé.

Moïse se trouvait, à ce qu’il paraît, dans le voisinage de la Marmelade où était le gouverneur : celui-ci lui écrivit à son ordinaire ; il y vint le rencontrer ; il fut blâmé pour avoir agi avec faiblesse, pour n’avoir pas sévi contre les révoltés qui avaient mis son nom en avant, en le compromettant ainsi. Selon M. Madiou, le gouverneur le voyant perdu pour avoir pris les armes contre lui et contre les blancs, et voulant le sauver en lui donnant le moyen de se cacher, il lui ordonna de se mettre en campagne contre les révoltés qui n’étaient pas encore soumis ; mais, étant sans perspicacité, Moïse ne comprit pas la pensée secrète de son oncle ; il se borna à parcourir les campagnes, cherchant à faire des prisonniers, sans doute lorsqu’il aurait dû tuer tous ceux qu’il rencontrerait : nouveau tort de sa part.

Finalement, Moïse se serait rendu ensuite sur l’habitation D’Héricourt où le gouverneur s’était porté, et où vinrent aussi Dessalines et H. Christophe. Là, le gouverneur lui aurait fait de vifs reproches (en le traitant avec douceur ) d’avoir pris les armes parce qu’il croyait que les blancs redevenaient les maîtres ; il lui dit qu’il avait été plus qu’imprudent, qu’il aurait dû avoir confiance en sa politique, puisqu’ayant été esclave, il ne pouvait lui-même travailler au rétablissement de la servitude.

« Nous sommes libres, ajouta-t-il ; le moment de nous