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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/269

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et je le chargeais par ses derrières avec trois hommes [1], lorsque l’adjudant-général Delva, qui avait été réveillé par les coups de canon et avait donné l’ordre au colonel Germain de se porter au Môle avec 150 hommes, l’ayant suivi avec le colonel Toussaint et ses dragons, arriva à notre secours. En ce moment, l’ennemi fut mis en déroute et opéra sa retraite par la porte de Jean-Rabel : les rues furent jonchées de cadavres. Blessé déjà en trois endroits, le colonel Éveillard ayant reçu dans cette dernière circonstance deux autres blessures, je fus contraint de le ramener au fort Georges. »

Et ce héros se tut sur ses propres blessures ! — un coup de baïonnette et une balle au bras gauche, et une autre balle sous l’aisselle droite.

« L’adjudant-général Delva et le colonel Toussaint, continua-t-il, ont chargé l’ennemi avec le courage qu’on leur connaît ; ils en ont fait un carnage affreux : tout le grand chemin de Jean-Rabel ne présente plus que l’aspect d’un vaste cimetière. Presque tous mes braves officiers ont été blessés : je n’ai que des éloges à donner à ceux qui ont combattu ; tous se sont montrés avec la plus grande bravoure… J’ai eu le malheur de perdre mon aide de camp Hyppolite, qui est mort en chargeant l’ennemi. »

Un drapeau, plusieurs tambours et une grande quantité de fusils furent les trophées de cette victoire. Ce jour-là, officiers et soldats ne voulurent faire quartier à aucun prisonnier, afin de terroriser l’ennemi et de le dégoûter, une fois pour toutes, de tenter désormais de semblables

  1. Ces trois hommes qui secondèrent si bien l’intrépide Lamarre, ce sont ses guides Rémy, Décade et Soulouque, — ce dernier devenu Sa Majesté FAUSTIN 1er Émpereur d’Haïti.