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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/270

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surprises contre le Môle. Cette place fut ainsi sauvée : aussi Lamarre a-t-il pu dire au président, en commençant sa lettre :

« Citoyen président, le Peuple d’Haïti sera content de son armée ; elle vient de renouveler ses prodiges et cette valeur qui ne l’a jamais abandonnée. Le soldat s’est conduit comme l’officier, et l’officier s’est montré digne du grade dont il a été honoré ; mais je laisserai parler les faits : mieux que moi, ils vous feront connaître ce que le pays doit à la brave armée expéditionnaire du Nord. »

Oui, la République lui dut beaucoup ! car elle occupa durant trois ans son redoutable ennemi, tandis que des passions blâmables agitaient les esprits. Et comment le chef de l’État, et le grand fonctionnaire qui le secondait alors, n’auraient-ils pas compris ce qu’ils devaient faire en faveur de tant de braves ! Nous venons de dire quelle fut leur sollicitude.

Après avoir relaté les faits de la journée du 13 janvier, où la flotte ennemie vint dans la rade du Môle pour coopérer à l’action de Romain et Magny, Lamarre disait au président : « Empressez-vous de voler à notre secours ; nous avons besoin de renforts : des hommes, des munitions de guerre et de bouche, des habillemens et de l’argent. Envoyez-nous la flotte, sinon permettez-moi de me retirer d’ici ; car, je ne veux point m’exposer à être déshonoré.  » C’est-à-dire, à être vaincu par un ennemi qu’il venait de terrasser, après l’avoir si souvent battu : cette âme altière ne pouvait l’entendre autrement.

Sa dépêche fut apportée par un étranger du nom de Richeux, qui avait introduit quelques provisions au Môle,