Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont il allait toucher le payement au Port-au-Prince[1]. Peu de jours après, un autre étranger nommé Kerkland apporta une autre dépêche où Lamarre renouvelait ses demandes. « J’espère, dit-il, que bientôt nous verrons flotter dans la rade du Môle le pavillon de notre escadre. Mes blessures et celles du colonel Éveillard vont assez bien. » Plusieurs autres lettres de dates rapprochées suivirent celles-là et dans le même but. L’une d’elles informa le président, que l’ennemi avait porté toutes ses forces contre la Bombarde et la Source-Ronde, et qu’après de nouveaux combats où Bauvoir et Toussaint furent blessés, quoique ayant été lui-même au secours de Delva, il fut forcé d’évacuer ces positions et de rentrer sa troupe au Môle : en cinq jours il avait eu 300 hommes hors de combat. Christophe était présent parmi ses troupes. « Il faut, dit Lamarre, que cet état de choses ait un terme, et très-rapproché : si l’on ne peut nous secourir, qu’on nous retire de cette terre de désolation. »

Cette dernière dépêche fut écrite au moment où Gérin adressait sa lettre à Pétion, qui nécessita la réponse de celui-ci déjà produite. On saisit alors la coexistence déplorable de la triste situation de l’armée expéditionnaire, et de l’agitation de l’esprit public, au Port-au-Prince, Gérin se conduisant de manière à le faire soupçonner de conspiration. On peut ainsi comprendre les embarras de Pétion, après les conspirations de Yayou et de Magloire Ambroise, après l’ajournement forcé du sénat, dont les membres opposans étaient loin de lui savoir gré du ré-

  1. Richeux était un de ces Français habitant Saint-Yague de Cuba, qui établirent des relations de commerce avec le Môle.