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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/293

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récompense du courage qu’ils avaient montré ; et le 10 novembre suivant, sur la proposition du secrétaire d’État, il créa les grades de contre-amiral et de vice-amiral auxquels pouvaient parvenir les capitaines de garde-côtes, à raison de leurs actions éclatantes ou de l’ancienneté de leurs services[1].

Après ces combats, la flotte retourna au Port-au-Prince, emportant des blessés de la place du Môle ; et au commencement de juillet, elle y revint avec des munitions de guerre et débouche, de l’argent pour la solde des troupes et des étoffes nécessaires à la confection dé leur habillement. Le 17, en accusant réception de ces objets au président, Lamarre lui dit : « Mon courage est toujours ferme, citoyen président, et quoique épuisé de fatigues et de maladies, si vous vous décidez de suite à m’envoyer une demi-brigade de 1,500 hommes avec son colonel, croyez que je ferai triompher les armes de la République : j’irai chercher le lion dans sa tannière[2]… » Cette âme héroïque, habituée à battre l’ennemi, ne reculait devant aucune entreprise et mesurait la valeur des autres à la sienne.

À partir de cette époque, le siège du Môle ne présenta que les incidens journaliers d’une telle situation : les

  1. Ni Panayoty ni les autres ne parvinrent à ces grades sous Pétion. Dans le même temps, Christophe avait déjà nommé un contre-amiral, son fidèle Bastien.
  2. Ce fut a cette époque que Lamarre adressa une lettre à Borgella, commençant ainsi : « Dans une autre circonstance, tu m’écrivis : Aux armes, mon cher Lamarre ! et je répondis à ton appel. Aujourd’hui, à mon tour, je te dis : Aux armes, mon cher Borgella ! Viens au secours de l’armée expéditionnaire avec ta demi-brigade. J’en demande une tout entière au président, etc. »

    À cet appel, Borgella écrivit à Pétion, en lui envoyant la lettre de Lamarre et sollicitant avec instance la faveur d’aller au Môle avec la 15e, ou seul de sa personne. Pétion ne fit aucune réponse à sa lettre : la 15e et son brave colonel étaient trop nécessaires à Jérémie, pour la situation militaire et politique ; on va le reconnaître. La lettre de Lamarre à Borgella fui écrite par Hérard Dumesle, et probablement aussi celle à Pétion.