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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/294

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troupes ennemies n’osèrent plus tenter d’y pénétrer ni donner un assaut, se rappelant la fameuse journée du 13 janvier. Christophe se borna à faire dresser chaque jour de nouvelles batteries de gros calibre pour le réduire ; il y fit porter des mortiers qui lançaient incessamment des bombes. Tel que Toussaint Louverture au siège de Jacmel, il contraignait ses soldats et les populations à des travaux excessifs pour atteindre son but ; et quand on considère les difficultés de toute nature dont il triompha, on ne peut refuser au despotisme, animé par l’orgueil, non un sentiment d’admiration qu’il ne peut jamais mériter, mais l’appréciation de ses moyens d’action et du résultat qu’il peut obtenir.

Nous arriverons à la chute du Môle, en 1810, et nous dirons comment se termina ce grand drame militaire, malgré les secours incessans qu’apportait la flotte à la courageuse armée expéditionnaire, constatés par la correspondance de son illustre chef.

Le 2 août, une très-belle barge doublée en cuivre entra au Port-au-Prince ; elle était montée par quatre marins qui déclarèrent que c’était celle qui servait à Christophe pour aller par fois du Cap au Port-de-Paix[1]. Ces hommes avaient profité de l’absence de leur officier, au moment où ils faisaient de l’eau, pour s’échapper aux cruautés du tyran dont ils racontèrent quelques actes : il est probable que le malheureux officier a dû périr victime de l’évasion des marins.

Le 10 novembre, le secrétaire d’État Bonnet provoqua du Président d’Haïti, un arrêté qui établit une nouvelle perception sur les denrées du pays, à leur exportation,

  1. Bulletin officiel du samedi 5 août, Nº 8.