Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lais de la présidence où Pétion leur fit un accueil distingué, en présence de généraux et de fonctionnaires appelés expressément. Dans cette présentation, ils demandèrent une audience au président qui la leur promit[1].

Elle eut lieu le 8 octobre dans la soirée, après un échange de lettres où, d’une part, les commissaires consentaient d’avance à être reçus en conférence, soit par le président seul, soit en présence de quelques membres du gouvernement ; de l’autre, Pétion les avertissant que les principales autorités de la République y assisteraient.

Ce fut la répétition, en tous points, de l’entretien que Pétion avait eu d’abord avec D. Lavaysse. Dès lors, les commissaires purent se convaincre qu’ils n’obtiendraient rien du principal objet de leur mission, — la soumission des Haïtiens à la souveraineté du Roi de France, par la renonciation à leur indépendance absolue qui leur garantissait leur liberté et leur propre souveraineté ; mais ces commissaires étaient obligés de tout constater par écrit, afin de prouver au gouvernement français qu’ils avaient fait tous leurs efforts pour remplir ses vues.

Les commissaires ayant appris que la nouvelle constitution venait d’être proclamée, et que le lendemain Pétion serait élu Président à vie de la République d’Haïti, ils sentirent la convenance politique de n’être pas au Port-au-Prince dans ce moment. En conséquence, dans

  1. À leur retour en France, les commissaires dirent au ministre de la marine, dans un long rapport : « qu’ils avaient été reçus avec les égards et les prévenances qu’ils eussent rencontrés chez le gouvernement le plus anciennement policé. » — M. Lepelletier de Saint-Rémy, t. 2, p. 22.

    Quel langage flatteur pour Haïti et son chef, tenu surtout par des Colons de Saint-Domingue !