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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/237

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la matinée du 9 octobre, ils se rembarquèrent avec leur suite, et les deux navires de guerre allèrent croiser devant le Cap, dans l’espoir d’y pénétrer pour informer le général Christophe de l’objet qui les amenait à Haïti. Pendant deux jours, la Flore fît de vains signaux pour avoir un pilote. C’est alors que les commissaires profitèrent d’un bâtiment des États-Unis qui entrait dans ce port, et envoyèrent leur lettre à Christophe, en date du 12 octobre, et une copie de l’ordonnance royale du 24 juillet. Ils lui disaient à peu près les mêmes choses qu’à Pétion ; qu’ils avaient eu ordre « de se rendre au Port-au-Prince, comme point central et intermédiaire, afin de communiquer avec le Nord et le Sud ;… et qu’enfin, ils attendraient toutes les communications que Christophe voudrait leur faire. » N’en ayant reçu aucune, les commissaires se firent porter du côté des Gonaïves, où ils profitèrent d’un autre navire américain pour envoyer une lettre adressée au commandant de cette place, sous le pli de laquelle se trouvait le duplicata de celle adressée à Christophe[1].


Pendant que ces commissaires se portaient sur les côtes du Nord, le sénat rendait son décret du 9 octobre par lequel Pétion fut élu Président à vie. Le sénateur Bavard présidait ce corps.

Dans la séance du lendemain, qui eut lieu avec une

  1. Dans les pièces officielles publiées alors par ordre de Christophe, on trouve tous les faits que nous venons de rapporter dans ce paragraphe. Elles disent cependant que la lettre remise au premier navire fut renvoyée de suite aux commissaires, « parce qu’elle portait une suscription injurieuse et insultante au peuple haïtien (celle de général Christophe). » Elles contiennent en outre la désignation des lieux d’Haïti où ces anciens colons avaient eu leurs propriétés.