Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/233

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vous voudrez, chez votre mère. Nous n’eûmes rien à répondre. Aussi prîmes-nous congé de lui et nous lui demandâmes s’il ne voulait rien envoyer au bal. Divertissez-vous bien, nous dit-il ; pour moi, je vais me coucher ; et ne parlez sur-tout à qui que ce soit de notre souper.

Nous fûmes au bal tout de suite, et une heure après, nous vîmes entrer deux masques, que nous reconnûmes bientôt pour l’ambassadeur et la Varin. Clairac cherchait à lui parler ; mais il était difficile, M. d’Andresel ne la quittant pas ; à la fin, une femme l’ayant pris à danser, la Varin resta seule. Clairac prit ce temps pour lui parler, et, comme c’était avec vivacité, il ne s’aperçut pas que l’ambassadeur, qui avait dansé, l’écoutait par derrière.

Il continua de tenir un langage qui apprit à son rival qu’il se trompait, s’il croyait être le seul qui eût des faveurs de la Varin. Piqué de ce qu’il venait d’entendre, il sortit du bal, sans qu’on s’en aperçût, et y laissa sa maitresse, qui ne le voyant plus, le chercha vainement, et se douta de quoi il était question.

L’aventure n’ayant pu être secrète, il s’y